Prévenir la discrimination entreprise : le rôle du CSE
La discrimnation en entreprise, est encore aujourd'hui un sujet d'actualité sur lequel le CSE doit agir.
CSE
Prévenir la discrimination entreprise : le rôle du CSE.
L'essentiel
Le Comité Social et Économique (CSE) joue un rôle clé dans la prévention de la discrimination au sein de l'entreprise. Il veille au respect des principes d'égalité et de non-discrimination en matière d'emploi et de conditions de travail. Le CSE examine les pratiques de recrutement, de promotion et de formation pour s'assurer qu'elles sont équitables et basées sur les compétences et les qualifications, sans tenir compte de critères discriminatoires tels que l'origine, le sexe, l'âge ou l' orientation sexuelle.
En outre, le CSE sensibilise et informe les salariés sur leurs droits en matière de discrimination. Il peut intervenir en cas de comportements discriminatoires signalés, en alertant la direction et en proposant des mesures correctives. Le CSE participe également à l'élaboration et au suivi des plans d'action pour l'égalité professionnelle et peut recommander des formations spécifiques pour promouvoir une culture inclusive et respectueuse au sein de l'entreprise.
Qu’est-ce qu’une discrimination ?
Définition par le Défenseur des droits
Le Défenseur des droits définit la discrimination comme un traitement inégal ou défavorable d'une personne ou d'un groupe en raison de caractéristiques protégées par la loi, telles que l'origine ethnique, le sexe, l'âge, l'appartenance ou non appartenance à une religion, le handicap, l' orientation sexuelle, ou d'autres traits personnels. Elle se manifeste dans divers domaines, comme l'emploi, l'éducation, le logement, et les services publics, et peut être directe ou indirecte.
MERCI
Définition par le code du travail
L'article L.1132-1 du code du travail définit la discrimination comme une distinction, exclusion ou préférence fondée sur :
l'origine,
le sexe,
les mœurs,
l' orientation sexuelle,
l'identité de genre,
l'âge,
la situation de famille,
la grossesse,
les caractéristiques génétiques,
l'appartenance ou la non-appartenance vraie ou supposée à une ethnie,
une nation ou une race,
les opinions politiques,
les activités syndicales ou mutualistes,
les convictions religieuses,
l'apparence physique,
le nom de famille,
l'état de santé ou le handicap.
Cette discrimination est interdite lorsqu'elle a pour objet ou pour effet de compromettre l'égalité de traitement en matière d'accès à l'emploi, de formation, de promotion, de conditions de travail ou de licenciement.
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Discrimination et culture.
Discrimination systémique
La discrimination systémique en entreprise se manifeste par des pratiques, des politiques ou des attitudes ancrées dans la culture de l'organisation qui créent ou perpétuent des inégalités. Ces discriminations peuvent ne pas être intentionnelles, mais elles sont profondément enracinées et persistent à travers les processus de l'entreprise. Par exemple, des politiques de recrutement qui privilégient les diplômes de certaines écoles peuvent exclure systématiquement des candidats de divers horizons socio-économiques. De même, des pratiques d'évaluation de performance basées sur des critères subjectifs peuvent favoriser certains groupes (comme les hommes) au détriment d'autres (comme les femmes), ce qui conduit à des inégalités dans les promotions et les augmentations de salaire.
Exemple : Si une entreprise valorise excessivement les heures supplémentaires pour les promotions, cela peut désavantager les salariés qui ont des responsabilités familiales, souvent les femmes, contribuant à un plafond de verre invisible.
Discrimination discrimination multiple
La discrimination multiple en entreprise survient lorsqu'une personne subit des discriminations simultanées ou interconnectées en raison de plusieurs caractéristiques protégées. Ces discriminations peuvent être combinées ou intersectionnelles, créant des défis uniques et amplifiés. Par exemple, une femme âgée appartenant à une minorité ethnique peut faire face à des obstacles spécifiques liés à son genre, son âge et son origine ethnique, chacun de ces facteurs interagissant pour aggraver les effets de la discrimination.
Exemple : Une employée noire plus âgée peut être confrontée à des stéréotypes liés à l'âge, au genre et à l'origine ethnique, ce qui peut limiter ses opportunités de développement professionnel, de mentorat et de promotion. Cette combinaison de facteurs crée une barrière plus complexe que chacune des discriminations prise individuellement.
Ces formes de discrimination nécessitent des interventions spécifiques et souvent plus nuancées, telles que la mise en place de politiques inclusives, de formations sur la diversité et l'inclusion, et de mécanismes de soutien adaptés pour garantir l'équité et l'égalité des chances au sein de l'entreprise.
Les différents types de discrimination.
La notion d'intention.
Discrimination directe
La discrimination directe survient lorsque, de manière intentionnelle, une personne est traitée moins favorablement qu'une autre dans une situation comparable, en raison de caractéristiques protégées par la loi telles que l'origine, le sexe, l'âge, l' orientation sexuelle, etc. Par exemple, refuser un emploi à une personne parce qu'elle est enceinte constitue une discrimination directe.
Discrimination indirecte
La discrimination indirecte se produit lorsque des critères, des pratiques ou des politiques apparemment neutres désavantagent de manière disproportionnée un groupe particulier sans justification valable. Par exemple, exiger des horaires de travail très flexibles peut indirectement discriminer les parents, qui ont des responsabilités familiales.
Les deux formes de discrimination peuvent se manifester dans divers contextes, notamment l'emploi, l'éducation, le logement et l'accès aux services publics, et peuvent nuire gravement à l'égalité des chances et au traitement équitable des personnes.
Motifs discriminatoires et différences de traitement autorisées.
Il existe cependant certaines exceptions où des différences de traitement peuvent être légales. Celles-ci doivent être justifiées par des exigences professionnelles spécifiques et proportionnées au but recherché. Par exemple :
Exigences professionnelles essentielles : Dans certains cas, une caractéristique personnelle peut être requise pour un emploi particulier. Par exemple, dans le domaine artistique ou culturel, il peut être nécessaire de choisir un acteur pour un rôle spécifique en fonction de l'âge, du sexe ou de l'origine ethnique, si cela est essentiel pour l'authenticité de l'œuvre.
Objectifs de diversité : Dans le cadre de politiques publiques visant à promouvoir l'égalité des chances ou à rectifier des inégalités historiques, certaines mesures peuvent être prises pour favoriser l'emploi de certaines catégories de personnes. Par exemple, des quotas peuvent être mis en place pour encourager l'embauche de personnes handicapées.
Protection de la santé et de la sécurité : Certaines restrictions peuvent être imposées pour des raisons de santé et de sécurité. Par exemple, interdire certains travaux aux femmes enceintes ou aux mineurs pour protéger leur santé.
Âge : Certaines règles concernant l'âge peuvent être appliquées, notamment en matière de retraite, de formation professionnelle ou de conditions de travail spécifiques pour les jeunes travailleurs.
Ces exceptions sont strictement encadrées par la loi et doivent être justifiées par des motifs légitimes et proportionnés.
Toute discrimination qui ne répond pas à ces critères est considérée comme illégale et peut faire l'objet de sanctions civiles et pénales. Les victimes de discrimination peuvent saisir les prud'hommes ou le Défenseur des droits pour faire valoir leurs droits.
Prouver une discrimination au travail.
Avant de signaler une discrimination, il est essentiel de rassembler des preuves solides. Cela peut inclure :
Courriels et messages démontrant un traitement inégal de la personne ou des commentaires discriminatoires,
Contrats de travail et avenants,
Évaluations de performance,
Témoignages : Des collègues peuvent témoigner en personne lors de procédures formelles, telles que les réunions avec les ressources humaines. Ils peuvent aussi rédiger des déclarations en tant que témoins de comportements discriminatoires.
Données de l'entreprise montrant des disparités dans les promotions, les augmentations de salaire, les affectations de projets, etc., entre vous et vos collègues de profils comparables.
Défenseur des droits et Procureur de la République.
Si les démarches internes n'aboutissent pas, le salarié peut saisir le Défenseur des droits, directement via un formulaire en ligne sur le site internet defenseurdesdroits.fr. Le salarié peut également signaler sa situation en envoyant une lettre au Défenseur des droits ou solliciter un entretien localement avec un délégué représentant du Défenseur des droits. A noter que les permanences du Défenseur des droits se tiennent généralement dans les locaux des préfectures et sous-préfectures.
Si aucune solution n'est trouvée, le salarié peut aussi porter l'affaire devant le Conseil de prud'hommes du fait que la discrimination se fait dans le cadre de son environnement de travail.
Le salarié peut également saisir le procureur de la République qui enquêtera sur les faits allégués. S'il y a suffisamment de preuves, le procureur de la République peut poursuivre l'auteur présumé devant le tribunal correctionnel. Ce dernier rendra alors sa décision, éventuellement assortie de sanctions.
L’action de groupe en matière de discrimination.
L’action de groupe vise à permettre à un ensemble de salariés ou de candidats à un emploi/stage victimes d’une même discrimination, par l’intermédiaire d’une organisation syndicale représentative ou d’une association régulièrement déclarée, d’agir collectivement pour faire cesser la discrimination et, le cas-échéant, obtenir réparation.
La discrimination au travail : prévention et sanctions.
Mise en œuvre d'une politique de non discrimination ?
Pour prévenir la discrimination au travail, il est important de mettre en place une politique anti-discrimination claire et de la diffuser largement au sein de l'entreprise.
Par la formation
Cette politique doit être soutenue par des actions de formation régulières pour tous les salariés, avec une attention particulière pour les managers, afin de les sensibiliser aux problématiques de diversité et d'inclusion. Promouvoir une culture d'inclusion et de respect est essentiel, en intégrant ces valeurs dans la culture d'entreprise et en établissant des programmes de diversité.
Par une procédure claire
Il est également important de mettre en place des procédures claires pour signaler et traiter les plaintes de discrimination, en garantissant la confidentialité et la protection contre les représailles.
L'entreprise doit régulièrement évaluer et surveiller ses pratiques pour identifier et corriger les biais, et utiliser des techniques de recrutement et de promotion équitables basées sur des critères objectifs.
Par la communication et la promotion de la diversité
Encourager la diversité par le biais de groupes de ressources pour les salariés et organiser des événements pour célébrer la diversité contribuent à un environnement inclusif.
Par l'écoute de la parole des victimes
Enfin, fournir des services de conseil et d'assistance juridique aux salariés victimes de discrimination montre un soutien institutionnel fort et renforce la confiance des salariés dans l'engagement de l'entreprise pour l'égalité et l'inclusion.
Promouvoir des actions concrètes en faveur de l' egalité.
Les sanctions pour l'auteur de la discrimination au travail
Les sanctions en interne pour l’auteur de la discrimination au travail
En interne, lorsqu'une entreprise constate un acte de discrimination envers un salarié ou plusieurs salariés, elle peut appliquer diverses sanctions disciplinaires adaptées à la gravité des faits.
Les mesures peuvent aller d'un simple avertissement écrit, rappelant les règles de conduite, à des actions plus sévères comme la mise à pied disciplinaire sans rémunération. Dans les cas les plus graves, la sanction peut aboutir à un licenciement pour faute grave ou lourde.
L'entreprise peut aussi opter pour des mesures correctives comme la mutation du salarié fautif vers un autre poste pour éviter tout contact avec la victime ou la rétrogradation, qui implique une baisse de niveau hiérarchique et/ou de salaire.
En outre, il est possible d'imposer une formation obligatoire sur la diversité et la lutte contre la discrimination pour sensibiliser l'employé concerné.
Ces sanctions doivent être précédées d'une enquête interne pour établir les faits et d'un entretien préalable avec le salarié ou les salariés mis en cause, afin de garantir un processus équitable et conforme aux règles légales. La décision finale et sa notification doivent être formalisées par écrit.
Les sanctions de l'auteur de la discrimination, devant les tribunaux
Lorsqu'un tribunal reconnait un acte de discrimination au travail, l'auteur peut faire face à plusieurs types de sanctions.
Les juges peuvent infliger des amendes et, dans les cas les plus graves, des peines de prison. En plus des sanctions pénales, l'auteur peut être condamné à verser des dommages et intérêts à la victime pour le préjudice subi, incluant la souffrance morale et les conséquences professionnelles.
En France, le Code pénal prévoit des sanctions pour les actes de discrimination au travail, que l'auteur soit une personne morale (entreprise) ou une personne physique (individu).
Pour une personne morale, l'amende maximale peut atteindre jusqu'à 225 000 euros. Pour une personne physique, l'amende maximale est de 45 000 euros. En termes de peine de prison, la durée maximale est de trois ans pour une personne physique. Pour une personne morale, il n'y a pas de peine de prison applicable, mais des peines complémentaires peuvent être prononcées, telles que la dissolution de l'entreprise ou la fermeture de l'établissement ayant commis l'infraction.
Le tribunal peut aussi ordonner des mesures correctives au sein de l'entreprise, telles que la réintégration de la victime à son poste ou l'application de politiques anti-discrimination renforcées.
L'auteur de la discrimination peut être contraint de suivre une formation obligatoire sur les droits humains et la diversité, dans le but de sensibiliser et prévenir la récidive.
Les CSE et la prévention des discriminations en entreprise
La lutte contre les discriminations et la promotion de l'égalité des chances sont des enjeux fondamentaux pour les entreprises. Les Comités Sociaux et Économiques (CSE) jouent, eux aussi, un rôle central dans cette démarche en veillant à la prévention des discriminations et à l'instauration de conditions de travail équitables.
Proposition de mesures correctives
Lorsque des discriminations sont identifiées, les CSE doivent pouvoir proposer des mesures correctives à la direction.
Ces mesures peuvent inclure des modifications des procédures de recrutement, l'instauration de quotas de diversité, la mise en place de programmes de mentorat pour les groupes sous-représentés, et l'amélioration des politiques de flexibilité du travail.
Le CSE doit travailler en étroite collaboration avec les services RH de l'entreprise pour mettre en œuvre ces actions.
Signaler une discrimination au travail.
Le signalement d'une discrimination au travail peut se faire directement auprès de l' employeur. Cela peut se faire de différentes manières :
Par écrit, avec l'envoi d'une lettre ou un courriel au supérieur hiérarchique ou au service des ressources humaines décrivant les faits de manière précise et détaillée.
Par entretien, en demandant par écrit ou à l'oral la tenue d'un entretien officiel auprès du supérieur hiérarchique ou du service des ressources humaines.
Si la discrimination persiste ou si le salarié ne se sent pas à l'aise pour en parler directement à l' employeur, il peut en parler avec un représentant du personnel (CSE, syndicat, représentant de proximité).
Les missions des CSE en matière de prévention des discriminations
Identification et signalement des discriminations
Les CSE ont pour mission d'identifier et de signaler les cas de discrimination au sein de l'entreprise.
Cela inclut les discriminations fondées sur le sexe, l'âge, l'origine ethnique, la religion, le handicap, l' orientation sexuelle, et d'autres critères protégés par la loi. Le CSE peut recueillir des témoignages, analyser les plaintes des salariés, et mener des enquêtes internes pour détecter des pratiques discriminatoires.
Analyse des données RH
Pour prévenir les discriminations, les CSE doivent analyser les données relatives aux ressources humaines. Cela comprend l'examen des procédures de recrutement, des promotions, des augmentations salariales, et des conditions de travail pour s'assurer qu'elles sont équitables et non discriminatoires. Le CSE peut demander des rapports détaillés à l' employeur pour vérifier la parité et l'égalité de traitement.
Mise en place de formations et de sensibilisation
La formation et la sensibilisation des salariés et des managers sont essentielles pour prévenir les discriminations. Les CSE peuvent organiser des sessions de formation sur la diversité et l'inclusion, les préjugés inconscients, et les pratiques non discriminatoires. Ces formations visent à sensibiliser l'ensemble du personnel aux enjeux de l'égalité des chances et à promouvoir des comportements respectueux et inclusifs.
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