Parler de politique au travail

Peut-on parler de politique au travail ?

CSE

10/7/20246 min lire

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Parler de politique au travail.

L'essentiel

Parler de politique au travail est généralement autorisé, mais encadré par des règles visant à maintenir un climat de travail harmonieux.

La liberté d'expression permet aux salariés d'exprimer leurs opinions politiques, mais cette liberté peut être restreinte par le règlement intérieur de l'entreprise si des justifications légitimes existent, telles que le maintien de la neutralité ou la prévention des conflits.

La loi El Khomri de 2016 permet aux entreprises d’inscrire le principe de neutralité dans leur règlement intérieur, après consultation du CSE, pour restreindre les discussions politiques si elles perturbent le bon fonctionnement de l'entreprise.

Les discussions politiques peuvent entraîner des conflits, des tensions et des discriminations, nuisant à la cohésion et à la productivité. Les employeurs doivent donc équilibrer le respect de la liberté d'expression avec la nécessité de garantir un environnement de travail serein et respectueux. Des règles claires et une sensibilisation des employés sur ces questions peuvent aider à prévenir les problèmes.

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La liberté d’expression au travail.

Un droit fondamental garanti par la Constitution

La liberté d’expression est affirmée dans l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Elle est protégée par la Constitution et le Conseil constitutionnel.

« La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. »

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MERCI

Loi Travail et principe de neutralité.

La loi Travail (loi n° 2016-1088 du 8 août 2016) a intégré dans ses textes, la possibilité pour l'entreprise d'inclure une clause de neutralité dans le règlement intérieur de l'entreprise.

Ce principe autorise les entreprises à restreindre la manifestation des convictions religieuses, politiques ou philosophiques des employés lorsque cela est justifié par l'exercice d'autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l'entreprise et proportionné au but recherché.

Si l'employeur souhaite intégrer ce principe de neutralité dans le règlement intérieur de l'entreprise, il devra le soumettre à la consultation du CSE.

Cass. soc., 8 juillet 2020, n° 18-23.743 : La Cour a souligné que l'employeur doit démontrer que les restrictions à l'expression politique sont nécessaires et proportionnées. La simple volonté de maintenir une image de neutralité ne suffit pas.

Cass. soc., 9 janvier 2019, n° 17-14.631 : La Cour a invalidé une sanction disciplinaire pour expression d'opinions politiques, car l'employeur n'avait pas consulté le CSE ni inscrit cette restriction dans le règlement intérieur.

A noter que ce principe de neutralité ne peut se cantonner aux propos politiques. En effet, si une telle clause est insérée, alors le principe de neutralité s'appliquera sur les propos philosophiques, politiques et religieux.

Le droit au silence garantie par la Cour de cassation

Par un arrêt rendu en 2005, la Cour de cassation a indiquer que le salarié avait la possibilité de taire son opinion politique au travail. Aucune personne dans l'entreprise ne peut donc contraindre le salarié de se prononcer à ce sujet.

Les conséquences négatives pour l’entreprise

Détérioration du climat social :

Les débats politiques peuvent nuire à l'harmonie et à la cohésion d'équipe, entraînant une baisse de la productivité et un mauvais climat de travail.

Les conversations politiques au travail peuvent créer un environnement de travail négatif, où les travailleurs peuvent se sentir stressés et anxieux.

Les opinions politiques peuvent influencer les relations entre les collègues et les supérieurs, ce qui peut nuire à la productivité et à la motivation au travail.

Risque juridique :

L'entreprise peut être confrontée à des actions en justice pour discrimination ou harcèlement si les discussions politiques mènent à des comportements discriminatoires ou offensants.

Atteinte à l'image de marque :

Une entreprise qui ne parvient pas à gérer les débats politiques internes peut voir son image publique ternie, surtout si des conflits internes deviennent publics.

Comment exprimer ses opinions politiques de manière sécurisée au travail.

Pour exprimer ses opinions politiques de manière sécurisée au travail, il est essentiel de respecter le règlement intérieur de l'entreprise et les règles de neutralité éventuelles. Adopter un ton respectueux et éviter les débats conflictuels est crucial.

Discuter en privé plutôt qu'en public, et veiller à ce que les échanges ne perturbent pas le bon fonctionnement de l'équipe, contribue à maintenir une ambiance sereine.

Enfin, être conscient des sensibilités des collègues et privilégier des discussions constructives et ouvertes aide à éviter les tensions et les malentendus.

Les risques de parler politique au travail.

A quels risques s’expose-t-on à parler politique au travail ?

Conflits avec les Collègues :

Les discussions politiques peuvent facilement dégénérer en disputes, créant des tensions et un environnement de travail hostile. Des divergences d'opinions peuvent mener à des conflits interpersonnels.

Discrimination et Harcèlement :

Les opinions politiques peuvent entraîner des formes de discrimination ou de harcèlement. Un salarié pourrait se sentir ostracisé ou maltraité par un autre salarié en raison de ses convictions politiques.

Sanctions Disciplinaires :

Si le règlement intérieur de l'entreprise impose une stricte neutralité politique, parler de politique pourrait entraîner des sanctions disciplinaires, allant de l'avertissement à la mise à pied, voire au licenciement.

Impact sur la Carrière :

L'expression d'opinions politiques pourrait influencer les perceptions des supérieurs hiérarchiques ou des collègues, impactant les opportunités de promotion ou de progression de carrière. A noter néanmoins que ce principe serait strictement discriminatoire.

Le rôle de la hiérarchie dans les discussions politiques.

Les responsables hiérarchiques doivent surveiller et intervenir rapidement en cas de tensions ou conflits, en favorisant des échanges constructifs et en assurant un environnement de travail harmonieux.

Ils doivent aussi sensibiliser et former les employés sur l'importance du respect des opinions de chacun, tout en maintenant un climat professionnel où les discussions politiques ne nuisent pas à la cohésion et à la productivité de l'équipe.

A noter qu'un responsable hiérarchique ne pourra pas se permettre d'adresser des consignes de vote.

Salarié de mission public et de droit public.

Les discussions politiques pour les salariés de droit public sont strictement encadrées par des obligations de neutralité et de réserve, afin de préserver l'impartialité et l'efficacité des services publics.

Ces agents doivent s'abstenir d'afficher de manière ostentatoire leurs opinions politiques dans l'exercice de leurs fonctions, car leur comportement peut affecter la perception de neutralité nécessaire à la confiance du public.

Les règlements intérieurs et les codes de conduite des administrations précisent ces obligations, soulignant l'importance de ne pas utiliser leurs positions à des fins politiques. Les discussions politiques doivent être privées et discrètes, sans perturber le service public ni créer de tensions parmi les collègues.

De plus, les agents publics doivent veiller à ce que leurs comportements, même en dehors du lieu de travail, n'affectent pas la réputation de l'institution pour laquelle ils travaillent. En cas de non-respect de ces principes, ils s'exposent à des sanctions disciplinaires.

Les discussions politiques chez les salariés de droit public doivent être gérées avec une grande prudence pour garantir la neutralité, éviter les conflits internes et préserver la confiance du public dans l'impartialité des services publics.

L’affichage, les propos, et autres démonstrations d'opinions politiques.

Le salarié est libre à tout moment de mettre un frein à une discussion politique qu'il le mettrait mal à l'aise sur son lieu de travail : “Cela me pose problème que tu exposes tes opinions politiques au bureau, ce n’est pas le lieu”.

Dans le cas de remarques inappropriées, de jugements basés sur les opinions politiques, l’appartenance religieuse, l’origine ou le patronyme, la tolérance zéro est de mise. Tout salarié qui en serait victime peut le faire savoir à l'employeur, aux représentants du personnel ou encore à l'inspection du travail.

Il est important de préserver un environnement de travail positif et neutre, où les travailleurs peuvent se sentir à l’aise et se concentrer sur leur travail, sans être influencés par les opinions politiques.

Il est préférable de ne pas aborder le thème de la politique au travail pour ne pas nuire à vos relations avec vos collègues et à votre carrière.

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