Les CSE et la gestion des risques psychosociaux : l'épuisement professionnel
Rôle crucial des Comités Sociaux et Économiques (CSE) dans la gestion des risques psychosociaux au travail, en se concentrant particulièrement sur l'épuisement professionnel des employés.
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Les CSE et la gestion des risques psychosociaux (RPS) : l'épuisement professionnel
L'essentiel
Les risques psychosociaux (RPS) représentent un défi majeur pour toutes les entreprises, affectant la santé physique et mentale des salariés ainsi que la performance organisationnelle. Tous les salariés, quel que soit leur positionnement hiérarchique, leur sexe, leur âge ou leur métier, peuvent être exposés à ces risques psychosociaux. Ils se traduisent couramment par de l'épuisement professionnel et du stress au travail.
Les Comités Sociaux et Économiques (CSE) jouent un rôle clé dans la gestion des risques psychosociaux. Ils identifient situations à risque, proposent des mesures préventives, et assurent le suivi des actions mises en place pour améliorer le bien-être et la santé mentale des employés.
La définition est apportée par l'INRS et l'Anact.
Ils s'agit de risques professionnels regroupés en différents facteurs liés à l' organisation au travail et aux conditions de travail qui peuvent entraîner chez les travailleurs des problèmes de santé mentale, tels que la fatigue, l'anxiété, le burn-out, des problèmes de sommeil chronique. Ces risques peuvent aussi entrainer des maux physiques tels que les troubles musculosquelettiques.
MERCI
Les risques psychosociaux (RPS) au travail, un tabous ?
De nombreux travailleurs hésitent encore à parler de leurs difficultés en entreprise, de peur d'être stigmatisés ou de subir des conséquences négatives sur leur carrière.
Pourtant, le stress au travail est une réalité qui n'épargne aucun secteur d'activité.
Une des étapes de la prévention des RPS est notamment de briser ces tabous en encourageant la discussion, au travail, entre les individus et en fournissant un soutien adéquat au salarié en difficulté.
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Une prise en compte depuis les années 2000.
Un tournant notable a été l' entrée en vigueur du Plan Santé au Travail (PST) en 2005, qui incluait la prévention des RPS parmi ses priorités. Prévenir les risques psychosociaux pour protéger la santé physique et mentale des salariés est devenu en enjeu clé tant au niveau gouvernemental qu'en entreprise.
En quelques chiffres sur la santé au travail.
Quelques chiffres clés :
En France, environ 12% des salariés déclarent être exposés à un stress chronique au travail, selon une enquête de la DARES.
Le coût économique des RPS est estimé à plusieurs milliards d'euros par an en termes de pertes de productivité, de coûts de soins de santé et de congés de maladie.
Les risques psychosociaux dans le code du travail.
La législation a été mise à jour pour inciter au changement des pratiques et tendre vers une réelle prévention des risques professionnels pour les employés. Le code du travail prévoit notamment :
Article. L. 4121-1 : Oblige l'employeur à prendre les dispositions nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale du salarié.
Articles L. 4121-2 et L. 4121-3: Détaillent les principes généraux de prévention que l'employeur doit respecter, incluant l'évaluation des risques et facteurs, l'adaptation du travail à l'homme, l'élaboration de plans d'action pour les prévenir.
Article L. 4121-4 : Met en place des dispositifs d'information et de formation pour les travailleurs sur les risques pour leur santé et leur sécurité.
Ainsi, directions et représentants du personnel doivent définir ensemble une organisation de travail permettant le bon déroulement de l' activité de l'entreprise, sur tous secteurs, tout en limitant considérablement le risque psychologique au travail et ainsi protéger la santé des salariés.
Les facteurs des risques psychosociaux au travail.
La définition de 5 facteurs clé par l'Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (EU-OSHA) permet d'identifier le déséquilibre pouvant mener à des risques psychosociaux dans l' entreprise.
Charge de travail excessive : Un volume de travail trop important ou des délais serrés peuvent entraîner une pression psychologique accrue.
Manque de soutien social : Met en évidence l' impact du rapport entre les salariés. Un manque de soutien de la part des collègues ou des supérieurs hiérarchiques peut contribuer à l'isolement et à l'anxiété du salarié.
Exigences contradictoires : Des objectifs ou des attentes contradictoires peuvent créer de la confusion pour le salarié.
Manque de contrôle sur le travail : Le sentiment, pour le salarié, de ne pas avoir suffisamment de contrôle sur ses tâches ou son environnement de travail peut être source d'angoisse.
Insécurité de l'emploi : L'incertitude concernant l'emploi ou les perspectives de carrière du salarié peut générer de l'anxiété.
Les impacts des risques psychosociaux (RPS).
Les conséquences peuvent être importantes, tant pour les salariés que pour les entreprises, et ce quel que soit le secteur de l'entreprise.
Quelle prévention l' employeur peut mettre en place ?
L' intervention de l'employeur est primordiale.
Après avoir analysé les pratiques dans l'entreprise, évalué les facteurs de risques existants ou potentiels, il doit définir des actions préventives.
Formation et sensibilisation sur la gestion du stress, la communication efficace, la résolution des conflits dans les relations de travail, la gestion du temps du temps de travail, la bienveillance dans les rapports sociaux.
Promotion d'un bon équilibre vie professionnelle / vie privée : proposer du télétravail si le secteur d'activité le permet, des horaires de travail ajustables.
Soutien et ressources : Mettre en place des programmes de soutien aux employés, tels que des services d'assistance psychologique, négocier l'accès à ces soins à travers le contrat de mutuelle obligatoire.
Participation des salariés : Impliquer les salariés le processus de prévention des RPS en leur donnant la possibilité de contribuer à l'identification des facteurs de risques et des risques en eux-mêmes et à la mise en œuvre de solutions.
Démarche bien-être des salariés.
Les salariés peuvent également prendre des mesures pour limiter les facteurs de risques et les effets des risques psychosociaux sur leur propre bien-être. Voici quelques exemples :
Gestion du stress : Apprendre des techniques spécifiques telles que la respiration profonde, la méditation ou encore le yoga.
Équilibre vie professionnelle / vie personnelle : Définir des limites claires entre le travail et la vie personnelle, prendre du temps pour des activités de loisirs et de détente en dehors du travail.
Communication ouverte : Communiquer ouvertement avec les collègues et les superviseurs sur les problèmes ou les préoccupations liés au travail peut contribuer à réduire le sentiment d'isolement et à favoriser un environnement de travail plus collaboratif et solidaire.
Développement de compétences sociales : Développer des compétences sociales telles que l'empathie, l'écoute active et la résolution des conflits peut aider à améliorer les relations interpersonnelles au travail et à réduire les tensions.
Il est important de noter que ces actions peuvent être bénéfiques au travail en complément des mesures prises par l'employeur pour prévenir les RPS, mais qu'elles ne remplacent pas la responsabilité de l'employeur dans sa gestion des risques.
Communication sur les risques psychosociaux : un enjeu crucial.
Pour communiquer sur les risques psychosociaux, il est essentiel d'adopter une approche proactive et inclusive qui favorise la sensibilisation, la compréhension et l'engagement des employés.
Les acteurs de la communication en entreprise.
Dans les entreprises, la communication sur les Risques Psychosociaux (RPS) implique différents acteurs et doit s'inscrire dans les pratiques quotidiennes.
La direction et les managers jouent un rôle clé en promouvant une culture organisationnelle saine, en détectant les signes de détresse chez leurs employés.
Les représentants du personnel (CSE, syndicats, représentants de proximité) représentent les intérêts des travailleurs et fournissent des informations sur leurs droits.
Les responsables de la santé et de la sécurité au travail apportent leur expertise sur les RPS, sur les organisations de travail, les mesures de prévention adaptées, et des outils de détections et d'ouverture de la parole.
Des entreprises françaises inspirantes.
Des solutions sur l'environnement de travail.
Des grandes sociétés françaises travaillent depuis des années sur la problématiques des risques psychosociaux au travail en renforçant des actions terrain.
Le programme "Orange Care" de la société Orange comprend une série d'actions à destination des employés telles que des formations sur la gestion du stress et la communication, des services de conseil et de soutien psychologique, ainsi que des initiatives visant à promouvoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, telles que des horaires de travail flexibles et des programmes de télétravail.
Orange met également l'accent sur la sensibilisation aux RPS et la communication ouverte en organisant régulièrement des événements et des campagnes pour encourager le dialogue sur les questions de santé mentale au travail.
Sur la santé mentale du salarié.
Le salarié peut générer des problèmes de santé mentale (stress, anxiété, dépression, etc.), baisse de la productivité, absentéisme.
Au sein de l'entreprise.
Entre coûts financiers (congés de maladie, de remplacement des personnes et de perte de productivité), turnover accru, et climat de travail négatif (baisse de la motivation et de l'engagement des salariés), l'impact n'est pas négligeable.
Sur le marché du travail.
Depuis plusieurs années le constat est sans équivoque : le salarié en recherche d' emploi s'inquiète de la nature du dialogue social et des rapports sociaux sur son secteur de recherche. La démarche de l'employeur sur la prévention des risques professionnels est ainsi une critère de recherche.
Une communication multifocale.
Éducation et sensibilisation : Fournir des informations claires et accessibles sur les RPS, leurs causes, leurs conséquences et les moyens de les prévenir.
Communication ouverte : Encourager une communication ouverte et transparente entre l'employeur et les employés, à travers des questions spécifiques dans l'entretien annuel, des tours de table sur les réunions de service.
Des entreprises tournées vers le self care.
Des entreprise ont fait le choix d'aller plus loin dans leur prévention. En exemples :
Airbus met l'accent sur le soutien mutuel entre collègues et propose des services de conseil psychologique.
L'Oréal met en œuvre des initiatives axées sur le bien-être mental, telles que des programmes de coaching, des séances de méditation et des activités de groupe. Elle forme également ses managers pour détecter et gérer les signes de stress chez leurs équipes.
Quid des risques psychosociaux à l'échelle de l'Europe.
La santé au travail est un enjeu sans frontière. Plusieurs enquêtes ont été menées sur les entreprises européennes mettant en avant l'importance d'agir sur la santé au travail des salariés :
environ 50 à 60% des jours de travail perdus sont attribuables au stress et aux RPS dans l'Union européenne,
les RPS coûtent à l'Europe environ 617 milliards d'euros par an en termes de perte de productivité, de congés de maladie et de dépenses de santé,
près de 20% des travailleurs européens déclarent être confrontés à des situations de stress au travail,
le burn-out touche environ 10 à 25% des travailleurs dans l'Union européenne.
Le rôle des Comités Sociaux et Économiques (CSE) sur les risques psychosociaux (RPS).
En tant qu'instance représentative du personnel, le CSE a pour mission de prévenir les risques professionnels dont le stress et l'épuisement professionnel, contribuant ainsi à un environnement de travail sain et équilibré.
Identification et évaluation des risques.
Le CSE procède à l'analyse des pratiques de chaque service de l'entreprise. Il observe les conditions de travail, le fonctionnement des procédures. Il repère les contraintes existantes, interroge chaque personne de l'entreprise susceptible de constater des déséquilibres, des effets négatifs dans le fonctionnement de l'entreprise. Cela implique notamment la réalisation d'enquêtes et l'analyse des indicateurs de bien-être (comme les taux d'absentéisme, de turn-over, et les rapports d'accidents de travail).
Le CSE peut également organiser des entretiens individuels ou collectifs pour mieux comprendre les sources de stress et d'épuisement et identifier les personnes potentiellement impactées.
Mise en place de plans d'action sur les conditions de travail.
Après identification des risques professionnels, le CSE doit proposer des mesures de prévention pour l'entreprise.
Ces mesures peuvent inclure l'aménagement des postes de travail, la promotion de l'équilibre vie professionnelle / vie personnelle, la mise en place de programmes de soutien psychologique, et l'amélioration de la communication interne.
Le CSE doit collaborer étroitement avec la direction et les services RH pour élaborer et mettre en œuvre ces plans d'action.
Suivi et évaluation des mesures.
Le CSE doit assurer un suivi régulier des mesures mises en place pour prévenir les RPS.
Cela implique de recueillir des retours d'expérience, d'évaluer l'efficacité des actions entreprises, et d'ajuster les plans d'action en conséquence.
Un suivi rigoureux permet de s'assurer que les efforts de prévention portent leurs fruits et d'apporter des améliorations continues.
Une démarche reprise dans le DUERP.
Le ministère du travail est venu renforcer le rôle du CSE dans cette démarche inscrivant dans la loi la participation de cette instance dans l'élaboration et la mise à jour du Document Unique d'Evaluation des Risques Professionnels (DUERP). Ce document reprend l'identifications des risques, leurs effets, ainsi que les modalités de mise en place des actions de prévention mais doit être traité non pas comme une liste mais comme un plan d'action.
A chaque aménagement impliquant une modification significative des conditions de travail dans l'entreprise, le CSE doit mettre à jour ce document.
Et dans les CSE de la fonction publique ?
Tout comme dans le secteur privé, les CSE relevant de la fonction publique et les CST (comité social territorial) doivent contribuer à réduire les risques psychosociaux des salariés dans leur établissement. La gestion des risques psychosociaux dans la fonction publique suit les mêmes principes que dans les entreprises du secteur privé.
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